Des éclairages et des pistes pédagogiques sont mis à disposition des professeurs, notamment en français et en langues et cultures de l’Antiquité, dans le cadre de l’année olympique et paralympique à l’École , pour aborder avec les élèves les différents aspects de l’universalisme.

Aux anciens Jeux d’Olympie, une trêve sacrée pour assurer la participation de
tous les Grecs

Le monde grec ancien, constitué de multiples cités-États, se caractérise à la fois par un
extrême morcellement politique, mais aussi par un climat quasi permanent de guerres.
L’un des plus importants conflits opposant deux cités grecques et leurs alliés respectifs
est la guerre du Péloponnèse (431-404 av. J.-C.), qui voit l’affrontement entre Athènes et
Sparte et leurs alliés respectifs.
C’est dans ce contexte belliqueux que s’inscrit la trêve olympique, comme condition
de la participation de tous les Grecs aux Jeux. En effet, pour que les concours d’Olympie puissent se dérouler sans entrave, les conflits doivent s’interrompre. À cette fin est instaurée une période de trêve sacrée. Appelée ἐκεχειρία (ekekheiria), elle est effective pour l’ensemble des jeux panhelléniques, et non seulement pour les Jeux olympiques. Environ six mois avant l’ouverture des Jeux, des hérauts appelés σπονδοφόροι (spondophóroi) « porteurs de trêve » ou encore θεωροί (theôroí) « théores », tous citoyens de l’Élide (voir ci-dessous) et portant sur la tête une couronne d’olivier sauvage comme symbole de paix, se rendent dans chacune des cités grecques pour annoncer la trêve et la date des Jeux.

L’instauration de la trêve olympique d’après Pausanias

« Longtemps après, Iphitos, descendant d’Oxylos […] fit célébrer des jeux à Olympie, renouvela les fêtes olympiques et la trêve dont l’usage avait cessé depuis un temps dont je déterminerai la durée, lorsqu’ayant à parler d’Olympie, j’expliquerai la cause de l’interruption des jeux. Iphitos, voyant donc que la Grèce était désolée par des divisions intestines et par une maladie contagieuse, crut devoir aller demander à ’oracle de Delphes un remède à tous ces maux ; et la Pythie lui ordonna, dit-on, de rétablir les Jeux olympiques de concert avec les Éléens ».
Pausanias, Périégèse, V, 4, 5-6.

Pendant cette période de trêve, tous les citoyens peuvent voyager en toute sécurité
pour participer ou assister aux Jeux puis retourner ensuite dans leur cité. En aucun cas
il ne s’agit de pacifisme : la trêve ne signe pas la fin des guerres, mais simplement la
suspension des combats. Ainsi, avant, pendant et après la trêve, il est interdit de faire
la guerre, d’agresser, de blesser ou d’enlever des participants ; les citoyens armés et les
soldats doivent d’ailleurs déposer leurs armes à l’entrée du stade. Toute violation de
ces principes est considérée comme un affront à Zeus lui-même : de lourdes amendes
et la perte de la citoyenneté sont alors en jeu.
La durée de la trêve, initialement d’un mois avant et un mois après les Jeux olympiques,
s’étend à trois ou quatre mois, selon les sources, au fur et à mesure que les citoyens
affluent en provenance des confins du monde grec puis de l’Empire romain. Pour
personnifier la cessation temporaire des hostilités se trouve à Olympie une statue de la
déesse Ἐκεχειρία (Ekekheiria), personnification de la trêve, couronnant le roi d’Élide Iphitos.
Il revient à chaque cité d’accepter ou non cette trêve, qui est quelquefois violée ou
instrumentalisée, même si cela reste rare. Plusieurs exemples montrent que la trêve ne
fut pas toujours respectée, comme en témoignent les exemples suivants.

  • En 420 av. J.-C., lors de la guerre du Péloponnèse (431-404 av. J.-C.), Sparte attaque
    le fort de Phyrkos situé à Lépréon, en Élide, et est condamnée à une lourde amende
    pour avoir violé la trêve sacrée. Les Spartiates refusant de payer, ils sont exclus des
    Jeux olympiques en 420 et peut-être jusqu’en 400 av. J.-C. selon les sources. D’après
    Thucydide, c’est lors des Jeux de 420 que le Spartiate Lichas, pourtant interdit
    d’épreuves, participe tout de même à une course de chars dont il sort vainqueur.
    La victoire est attribuée aux Béotiens, ses concurrents. Furieux, le Spartiate
    couronne lui-même son cocher et reçoit de la part des hellanodices, les juges des
    Jeux olympiques, des coups de fouet pour cet outrage.

Sparte condamnée par les Éléens pour avoir violé la trêve

« Ce même été, on célébra les Jeux olympiques, l’Arcadien Androsthénès y
remporta, pour la première fois, le prix du pancrace. Les Spartiates se virent
interdire par les Éléens l’accès du temple et la participation aux sacrifices
et aux jeux, pour n’avoir pas acquitté l’amende infligée par les Éléens
conformément à la loi d’Olympie. On leur reprochait d’avoir porté les armes
contre la citadelle de Phyrkos et d’avoir envoyé à Lépréon, pendant la trêve
olympique, un certain nombre de leurs hoplites. L’amende était de deux
mille mines, soit deux mines par hoplite, conformément à la loi. »
Thucydide, La Guerre du Péloponnèse, V, 49-50

Des pistes pédagogiques pour le collège

Cycle 4 – Français
En prenant appui sur le dossier « Le sport dans la littérature » publié par la Bibliothèque
nationale de France (https://gallica.bnf.fr/html/und/litteratures/le-sport-dans-la-
litterature?mode=desktop
), le professeur, en se fondant notamment sur les ressources
publiées dans l’onglet « Jeux olympiques », sélectionne un texte pour la classe en
relation avec la thématique de l’universalisme, qu’il enrichit d’une photographie
publiée dans la section de la même ressource au sein de l’onglet « Les Jeux olympiques
en image ». L’activité peut donc consister dans la mise en dialogue d’un texte et d’une
image autour de la thématique de l’universalisme.

Cycle 4 – Français – Visions poétiques du monde (3e)
La partie « Éclairages pour le professeur » du dossier de la BNF rappelle en quoi
consiste l’universalisme dans le cadre olympique. Le sport, le temps des Jeux, doit
permettre de dépasser « les frontières culturelles, ethniques, religieuses, idéologiques
et politiques ». Le sport doit donc « servir de levier pour favoriser l’unité, la découverte
de l’autre et la paix entre les nations ».
Dans le programme de français de 3e, l’entrée « Visions poétiques du monde » permet
de faire écrire par les élèves un texte poétique exprimant cette dimension des Jeux
olympiques et paralympiques. Ce travail d’écriture pourrait se nourrir de la lecture de

JEUX OLYMPIQUES ET PARALYMPIQUES 2024 19

poèmes extraits de l’anthologie Frontières – Petit atlas poétique, publiée à l’occasion du
25e Printemps des poètes. Parmi les aspects de l’olympisme pouvant fournir une source
d’inspiration, on peut proposer aux élèves, à titre d’exemples :

  • le tour d’honneur effectué main dans la main lors des Jeux de Barcelone en 1992,
    par l’Éthiopienne Derartu Tulu et la Sud-Africaine Elana Meyer (les deux gagnantes
    du 10 000 mètres) pour symboliser la fin de l’apartheid ;
  • l’équipe olympique des réfugiés, créée en 2016 par le CIO pour que les conflits
    n’empêchent pas les athlètes de participer aux Jeux.
  • Cycle 4 – Français – Dénoncer les travers de la société (3e) ou Informer,
    s’informer, déformer ? (4e)

    La partie « Éclairages pour le professeur » du dossier de la BNF cite des formules ou
    actions frappantes, illustrant ce en quoi consiste l’universalisme des Jeux, qui doivent
    célébrer la diversité humaine et culturelle. Parmi elles, à titre d’exemples :
  • la phrase de Pierre de Coubertin « Ils [les Jeux] sont mondiaux ; tous les peuples
    doivent y être admis sans discussion. » ;
  • le fait qu’en 1976, 22 pays africains refusèrent de participer aux Jeux olympiques de
    Montréal, pour dénoncer l’apartheid en Afrique du Sud.
    Il est intéressant de demander aux élèves de produire un écrit d’argumentation à
    partir d’un de ces exemples. En 3e dans le cadre de l’entrée « Dénoncer les travers de
    la société », voire en 4e dans le cadre de l’entrée « Informer, s’informer, déformer ? »,
    il s’agit de demander aux élèves de proposer une explication, développée et
    argumentée, du point de vue ainsi exprimé. Cet écrit peut prendre différentes formes :
    discours, lettre, tribune… Pour en élaborer le contenu, les élèves travaillent à partir d’un
    corpus de documents cohérent avec l’entrée du programme.
  • Cycle 4 – Langues et cultures de l’Antiquité
    Dans le cadre des objets d’étude « Vie privée et vie publique » (classes de cinquième
    et de quatrième) et « La Grèce dans son unité et sa diversité » (classe de troisième), les
    élèves réalisent des recherches portant sur la déesse grecque de la trêve olympique,
    Écéchiria, et sur les autres dieux du sanctuaire d’Olympie qui présidaient aux Jeux
    olympiques. Le travail conduit permet de mettre en lumière, par le biais de ces figures
    divines, ce qui pour les Grecs de l’Antiquité relevait d’obligations qu’il était sacrilège de
    transgresser.

Pour en savoir plus : totalité du document ministériel

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