L’existence d’une « querelle » accompagnant la réception de L’Ecole des femmes constitue un des lieux communs les plus fermement établis de l’historiographie et de la critique moliéresques. Les études consacrées à cette étape décisive de la carrière du comédien auteur se fondent toutes sur un récit qui le présente à la fois comme une victime de l’incompréhension et de la malveillance, et comme un créateur hors du commun capable de trouver dans cette adversité l’occasion de mettre les rieurs de son côté tout en exposant brillamment ses convictions esthétiques.
Une telle interprétation résulte en fait d’une lecture biaisée des documents, c’est-à-dire filtrée par les valeurs dont le second XIXe siècle avait investi la figure de l’auteur national par excellence : supériorité du génie triomphant de la médiocrité acharnée, défense valeureuse des convictions qui animent l’honnête homme, indignation du bon bourgeois mis en cause dans sa pratique, mythe romantique de l’artiste persécuté par la haine des franges réactionnaires du public et par la jalousie des rivaux.
Un examen sans préventions du déroulement des faits, replaçant les événements de 1663 dans le contexte plus large des modes de publicité de l’activité théâtrale qui prévalent au début du règne personnel de Louis XIV, révèle que c’est un tout autre récit qui doit servir de base à l’étude de L’Ecole des femmes et de ses prolongements dans La Critique et L’Impromptu de Versailles : un récit où la manière dont Molière s’ingénie à créer l’événement, exploitant toute occasion qui lui permet d’attirer l’attention publique, occupe une place décisive.
Détails et analyse : site ODYSSEUM
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